» Au nom d’Allah, le Matriciant, le Matriciel…

Tour de Babel: pourquoi Brueghel l’Ancien était-il fasciné par ce sujet qu’il aurait traité au moins deux fois? Brueghel « peintre brabançon » était-il flamand? Etait-il belge? Premier quid identitaire, XVIème.s.
1- l’Epoque
2-Voici, l’Humain est perdu… »
Al ‘Asr, sourate 103, premiers poèmes prophétiques, faut-il aller jusqu’au bout?
Oui.
3- Sauf ceux qui adhèrent et sont intègres (ne voulant pas faire de copier-coller pour garder la police, je déclique du site d’André Chouraqui le grand exégète qui a mis en ligne sa traduction des deux Livres, Bible et Coran, « sauf ceux qui adhèrent et qui sont intègres » donc, opération qui me force, qui m’induit malgré moi au par -coeur récitatif, contextuel, je continue?)
4- Ceux qui s’exhortent à al (pardon) LA vérité
Qui s’exhortent
….à la constance «
Le matriciant, le matriciel. Beauté du texte coranique qui décrit le masculin d’une matrice. Qui fait Dieu créateur aussi géniteur, puissance de Vie, à la fois masculin et donc profondément aussi féminin. Dieu le père mais surtout Dieu la mère. Avec cette scansion répétitive qui émaille le livre saint de l’Islam, on comprend peut-être pourquoi, contrairement au christianisme catholique, il n’y a là pas besoin d’une déité féminine comme la vierge Marie. Dieu n’a pas besoin de mère, il EST lui même, mère. Matrice. Bon.
BON.
Sans rapport. On aurait envie, dans une paraphrase tout à fait fantasque de Romain Gary sur son lit de mort (coussin rouge absorbant le sang du suicidé) de dire » Sans rapport avec Jean Seberg ». Ok mon ami. Ok. On te croit
A moitié, pardon. Sans rapport aucun avec Dieu, avec l’Islam. Mais alors avec quoi? Avec quoi? Sinon avec la belle américaine d’À bout de Souffle???
Ne pas chercher à comprendre. Parfois. Pas seulement pour ne pas avoir peur, mais pour ne pas trop faire peur, pour ne pas dire de conneries. Se terre, pardon, taire, terre à terre, à plat ventre, une grenade explose. Chut. Ecouter. Citations.
Pascal Bruckner, le Figaro du 23/03 p16
» Nous répétons qu’il ne faut pas faire d’amalgame avec l’Islam, sans comprendre que les Djiadistes revendiques eux-mêmes le fait d’être les véritables musulmans. Les autres, la très grande majorité, sont rejetés par ces fanatiques dans les ténèbres de la mécréance. Ces soldats de l’apocalypse sont d’abord des croyants et nous devons les prendre comme tels ».
On ne sait pas pourquoi, mais ça sonne un peu exagéré. Un peu magnifié dans un sens, pas les carrures ni les montures de l’emploi. D’ailleurs pas un emploi comme un autre, rares rôles, tristes scènes.
Comme d’autres ont récusé le qualificatif de « lâches ». Pour qu’il y ait lâcheté en effet, il faut un sens au moins vague de ce qu’est le « courage ». Or le fanatisme et la folie brouillent toutes les pistes, les cerveaux, comme des drogues.
Là où il n’y a pas de conscience du danger, de l’Autre, du crime, peut-il alors y avoir conscience de la mort, du « bien » et de Dieu?
Là où un texte, au sacré même relativisé, devient une application sur un smartphone, la où la « religion » n’est qu’une monnaie de change contre un joint où une palette de maquillage qui avait fait long feu…
Là où les subtilités et les beautés d’une langue, par dessus toutes, littéraire, l’arabe classique, tourne à la mélasse ânonnée.
?
Alors plus loin, Pascal, mais pas celui du pari, concède sans éviter de brandir un tison:
» Il y a en France un risque de guerre civile larvée en raison de la porosité entre gangs de banlieue et les cellules radicalisées: le djihad est la voie de sortie pieuse du banditisme«
Drôle qu’il ne dise pas qu’il est donc, d’abord, celui du déclassement social, du chômage et de la perte d’identité, autant partagées qu’en soient les responsabilités.
Enfin…
« ON se demande: ‘ Qu’a-t-on pu faire de mal pour qu’ils nous haïssent à ce point’? «
Non, la question est posée sans ironie, sans sarcasme.
La question est bien posée, en page 16 ( car il faut vraiment le lire) du Figaro. Et l’essayiste de conclure:
» La vérité (même mot que dans la sourate 103) que nous ne voulons pas entendre est pourtant criante: ils nous haïssent pour ce que nous sommes. Des êtres libres, mus par l’amour de la vie, le respect du droit et l’esprit critique. Voilà notre crime ».
On aimerait vraiment bien connaître M Bruckner de près, pour pouvoir lui retourner son propos, et lui demander d’éclairer un peu plus sa phrase finale écrite manifestement très à chaud, à la belle lumière de celle perdue en tapant- « esprit critique ».
Inutile d’enfoncer le clou? Quand un amalgamme de « soi » induit l’amalgamme dans la définition de l' »autre »; la pensée la plus élaborée s’enlise.
Comme si, en d’autres termes, cette manière évidente et naïve de concevoir un « nous » idéal préfigurait nécessairement notre inconscient formaté, ou celui de M Bruckner, dans sa conception donc du « vous ». Comme si derrière la provocation sarcastique de ce « crime d’être des anges » l’Histoire ne nous avait jamais collé quelque tenace odeur de souffre aux basques, comme de faux procès, bien entendu, à des colonisations mal digérées, enfin, comme si etc. etc.
Il semble de mauvais ton d’avoir quelque chose à se reprocher. Pourtant, ne dit-on pas qu’il n’y a pas de fumée sans feu, même en enfer? Et si le « manichéisme » ou cette manière radicale de se renvoyer la balle des deux côtés ne faisait que créer un terrain de jeu, ou de guerre justement?
Alors, on est tout de même rassuré, soulagé, un peu, de constater que le journal dans lequel un certain nombres d’exagérations s’expriment (nécessairement et bénéfiquement puisque librement) aujourd’hui, sait encore faire des vire-volte subtile avec ce fameux esprit critique en suggérant une opinion beaucoup plus juste, plus pragmatique, moins lyrique et en même temps: réaliste et humaine, possible.
M Johan Leman, anthropologue, président d’un centre social à Molenbeek et observateur des évolutions sociales de la communes depuis 1981, met en perspective les choses dans une analyse de terrain. Il décrit donc le « croissant pauvre » de toute la conurbation autour de Molenbeek. Pointe du doigt le défaussement des autorités policères et judiciaires, leur méconnaissance de la réalité sociale. Et de conclure par un raccourci qu’on peut trouver trop facile avec le sud de l’Italie:
» En une semaine, on peut savoir comment ces réseaux sont composés. Les habitants sont prêts à coopérer à condition d’être respectés. Il faut agir comme les Italiens l’ont fait en Sicile pour combattre la mafia ».
Sauf qu’aucune mafia calabraise ne s’est jamais revendiquée d’une idéologie de rassemblement comme le salafisme ou wahabisme pour toucher la corde sensible d’une jeunesse mondiale… Sauf que l’argent et le pouvoir pour l’argent n’ont jamais fait sauter de kamikaze dans des aéroports… sauf pourrait-on imaginer, la notion de « code de l’honneur »… mais sauf surtout que de toute façon, même combattue par des méthodes les pus efficaces, la mafia aussi, n’a pas encore été éradiquée, et qu’il s’agit surtout de cela!
Dans un bel exercice d’humilité face aux chaos des opinions tous azimuts, le politologue Jean-Pierre Filiu admet :
« Aucun intellectuel ne peut prétendre détenir seul la réponse à un phénomène aussi complexe »
D’autant que les analyses les plus aigües de fond sont peut-être à mettre au deuxième plan, avec le risque d’enraillement d’une pensée qui devrait alors être tournée vers les solutions pragmatiques. C’est donc un peu le point de vue de ce professeur en sciences politiques dont l’article du Monde du 24 mars est titré:
« Pour vaincre Daesch, étudions son mode d’action plus que sa propagande ».
Il essaie donc, sans renvoyer la balle au manichéisme, et sans tomber dans le déni de la nature idéologique du combat, de le relativiser néanmoins, sur la piste lancée par Gilles Kepel: « A force de brandir le tabou de l’islamophobie, on s’est interdit de penser la nature du défi djihadiste« .
Préférant le terme « conversion » à celui de « radicalisation », JP Filiu fait le distingo entre la réalité d’une religion/ pensée et le montage d’un imaginaire « chevaleresque » de la part de la propagande – l’expression « littérature de l’organisation » prend ici un sens premier.
Il y a donc bien là « construction », voire même « déconstruction » préalable, lavage de cerveau et épuration de texte, pour amener à la « conversion » et faire qu’elle rentre en adéquation avec les aspirations/ troubles/ frustrations qui, de tout temps, ont poussé l’humain à exprimer sa révolte par l’auto-destruction sacrificielle.
C’est cette vision que précise l’historien belge Pierre Vermeren en expliquant qu’on assiste « moins à un choc de civilisations que des imaginaires et des mondes« . Ne bottant pas en touche sur la question de l’impact des bouleversements post-coloniaux dans la fragilisation des communautés indentitaires et les phénomènes de « déculturations », ni lui ni ses confrères n’osent cependant tacler au delà.
Par exemple: en soulignant comment le réseau djihadiste (ou devrait-on seulement dire « terroriste ») se double d’un maillage d’autant plus solide qu’il joue sur les ambiguités de différences culturelles bien réelles relayées elles même par les communautarismes. Ainsi les particularités de l’Islam et ses confusions historiques entre Etat, religieux, famille, nation, individu… en font une arme de guerre particulièrement redoutable car s’infiltrant insidieusement dans les âmes par les tripes: le mot « oumma » qui signifie depuis toujours la communauté des croyants musulmans est proche, voire le même selon les arabes dialectaux, que celui de « maman »: oummi. On retrouve la matrice, le féminin originel de cette religion faussement dite « d’hommes » dans une culture, aussi, de femmes. Totale.
D’où cette guerre qui est avant tout culturelle, et aussi fraternelle au sein de l’Islam mondial, et dont les membres, il faut peut-être le rappeler, sont les premières victimes et les otages. Pour longtemps.
Islam qui n’est pas un mot si simple. « Soumission » « reddition » mais sa racine sémite « slm » signifie « paix ». « Islam » donc, se soumettre, se rendre à la paix, baisser les armes et tendre les mains. Faut-il aussi le rappeler?
Pas qu’un hasard…

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