Loin de l’Egyptomanie en conserve des musées sous temps gris.
Loin des bousculades du Louvre et des séminaires ludiques pour petits écoliers occidentaux.
Loin de tout ce qu’on apprend, car le désert… nous souffle les mots.
Nous coupe le robinet.
Pas de mots, pas de flots, juste le phrasé silencieux, mystérieux du fleuve.
Juste le grès, la diorite, le granit, donnant envie d’être poussière, d’y rester : ne jamais revenir.
Se faire nous aussi un tombeaux de couleurs somptueuses cachées dans la montagne, sous les miradors, à l’abri des regards et de la violence au-dehors.
« Mazette », rendre la mort si belle, l’infra monde si splendide qu’on en aurait envie.
« Mazette », faire sourire un empereur avec la douceur d’un Bouddha (avant lui).
« Mazette » comprendre que c’est le ciel qui fait l’homme, et ici le soleil. A l’époque, pour le Nord, dite « préhistorique » où de lointains ancêtres celtes s’enorgueillissaient de quelques mégalithes bringuebalantes, le dieu Amon-Rê faisait ciseler des visages, élever des tombeaux, et polir la pierre des chapiteaux en haut des piliers grandioses.
Comment ne pas croire au soleil?
Statuaire magnifiant la beauté de qualités intrinsèquement liées:
Finesse, intelligence, sagesse et force. Densité dans la légèreté.
Un autre monde humain nous fait face et nous interroge : et nous lance des possibilités d’âme et de grâce peut-être oubliées. Voire inconnues.
La Liberté? Dans l’informe et l’hypocrisie des contradictions actuelles?
La pureté? La stabilité? Après le lessivage des dictatures du XXème siècle, elles nous font peur.
Alors malgré les têtes monumentales tombées, tout cet enchevêtrements de 3000 ans d’histoire un peu désordonné, on peut trouver notre « ordre mondial » chaotique et les chaos des empires éteints emprunts d’une immense paix.
La mort? Une entrée dans un monde plus coloré où rebondissent des soleils comme des balles de tennis vermeilles.
La douceur, l’amour, la tendresse? On sait bien qu’elles sont explicitement absentes des livres sacrés. Mais pas besoin de grands ébats lubriques, pas besoin de grands éclats christiques sur l’amour du prochain. Il n’y a qu’à voir les mains de pierre qui s’entrelacent, les regards qui se croisent, et le mythe fondateur où Isis, dit-on, par grand amour d’Osiris parvient à recoller les morceaux… non pas de leur couple à jamais uni, mais du corps mutilé pour lui redonner vie.
Peut-être bien que le silence cache l’évidence et qu’il y a dans la pureté et le soin des corps et dans le respect de la ligne noble une leçon de profondeur et de sensualité qui nous dépasserait.
Peut-être. Sans doute?
Sur des eaux paisibles, bleu cendré ou indigo, on remonte le cours du temps, dans les replis d’un continent « père-mère ».
Le Silence comme seul réponse à l’émotion, à la remise en cause de tout ce que nous sommes. Ou croyions être.