LE PROBLÈME D’ÊTRE UNE FEMME
» LE PROBLÈME d’être une femme… disait-elle d’une voix douce et joliment rauque, une voix de vamp et d’ange, le problème d’être une femme, vois-tu ma chérie, c’est le problème de n’être pas un homme tout à fait comme les autres.
Pour commencer, contrairement à un homme comme les autres, c’est à dire un homme normal, un homme banal, une femme a un truc en plus : la beauté, la douceur et la force mêlées.
Le problème fondamental d’être une femme, depuis toujours je pense, c’est de se savoir éminemment supérieure, de savoir que à peu près tous les hommes le savent (tous les hommes un peu moins inférieurs) d’où cette jalousie mauvaise, ce complexe qui pour certains, alliés à leur désir, part en couilles, bien souvent; leur fait faire d’affreuses bêtises, du mal quoi.
Nota bene : tu remarqueras qu’on ne dit jamais « partir en sein », ou « en trompes ». Non. On dit « partir en couilles », pour mal partir.
Un garçon manqué est toujours malgré tout nécessairement un humain réussi, une femme, donc.
Aussi.
Mais ils n’osent pas le dire, bien entendu.
Face à une fille, la plupart du temps même s’il ne le reconnait pas, un mec se sent tout con. Il sait. Au fond de lui je te jure, il sait : qu’on est pas de la même espèce. Qu’il y a eu raté, de leur côté. Dieu s’est gouré. Au niveau création, je veux dire. Il le leur a mis à l’extérieur. Comme une menace permanente de castration, de déperdition d’une part essentielle d’eux-même, soumise au risque de la moindre cisaille qui passe, même émoussée; du coup: sentiment d’incertitude, de manque de confiance profond, mise à nu au sens propre : on voit tout de suite si ça bande ou pas. Franchement, pas d’intimité du désir. Rien de ce côté. Gênant. (Euphémisme).
Évidemment j’exagère un peu là, je me lâche. Ils ne sont pas tous si nul, mais enfin… cette volonté d’asservir, d’humilier, de transformer leur volonté de puissance en vice de domination et d’aliénation… On pouvait rêver mieux. Inventer la robe et l’inégalité déséquilibrée, pour mieux… enfin. Retors. Ils nous l’ont fait à l’envers, depuis le début. Eve. La pauvre. Bon.
Mais ne lis pas Doris Lessing, n’approuve quand même pas le monde exclusivement féminin de son roman « THE CLEFT ». Pas besoin de partir en guerre, de faire comme eux. L’intelligence c’est la douceur, l’absence de conflit, l’acceptation de l’Autre (même nul). L’humanité c’est la paix et l’amour. C’est idiot, pour eux, c’est contre leur instinct infra-bestial, mais c’est comme ça.
Le problème fondamental d’être une femme, c’est donc d’être un homme.
Mais un vrai, un pur, un doux, porteur de vie. Dieu n’a pas accordé sa confiance en l’homme, puisqu’il ne l’a pas laissé mettre au monde. Dieu a fait le masculin-Homme semeur de graines; le féminin-Homme matrice.
L’anglais le dit bien : woman est un man garni d’un womb, l’utérus, la matrice. Dans la langue anglo-saxone, la femme dans sa désignation sémantique est donc un homme augmenté, avec une appli en plus, et pas des moindres.
Souviens-toi donc toujours de ça et retiens toi de les haïr, ce n’est pas de leur faute.
Parfois ils sont si faibles et si forts, qu’ils en sont beaux… »
Paroles rapportées de Marianne Klauzaxe à sa fille, 7 mars 1907