LE CHANT DU MONDE
Cheval ami, et cheval de l’apocalypse. Dans la complainte un peu folle, shakespearienne d’un personnage de Giono, un personnage de femme, lasse des hommes et de leur furie absurde, ridicule. Qui attendrait le déluge, que tous périssent, sous les sabots d’un cheval rédempteur, et pur, et qui l’épargne, elle seule.
p 125, édition Folio, Le Chant du Monde, Jean Giono, paru en 1934. Interprétation libre du chant de Gina.
» — Ecoute, dit Antonio.
Dans la maison on entendait chanter. C’était des notes basses, graves et furieuses. Ça redisait tout le temps pareil, tout le temps, tout le temps.
Oh! mon cheval!
ô mon cheval!
est-ce que tu peux nager dans le sang?
Fendre le sang comme une barque?
Sauter dans le sang comme un thon?
Écraser des hommes comme des fagots dans la boue?
— Attache sur ta tête un mouchoir d’or,
et je fendrai le sang comme une barque,
et je sauterai comme un thon,
et j’écraserai les hommes comme des fagots,
Pourvu que je te reconnaisse si toi tu tombes. »