Il touchait à peine le sol. Il dansait, ou il flottait.
On aurait dit qu’il avait peur de fouler la terre, de l’abîmer.
Chaque pas signifiait qu’il ne voulait pas faire de mal à une mouche, que si mal il y avait, que si mouche souffrait, ce n’était vraiment que bien malgré lui.
Dans un sens, il ne marchait pas: il effleurait.
Il donnait des cours de funambulisme.
Cela existe.
Il avait créé ce concept, enfin, il avait réalisé son idée, sans penser à son utilité, aux conséquences matérielles, humaines. Il avait simplement suivi son idée, comme le fil de la corde sur lequel il posait, cette fois, un pied sûr.
Pour lui ce n’était pas une évidence de marcher sur terre. Toute son assurance, il l’avait sur cette corde ou ce filin tendu, plus ou moins haut, en l’air.
Il enseignait sans beaucoup de mots. Il apprenait à respirer. Il disait aux gens qu’il ne faut pas vouloir l’équilibre, que ça vient tout seul. Que la première chose c’est de s’oublier, de faire chair avec l’air, de penser léger, léger, léger, comme une plume.
Et les gens pleuraient de joie, et s’envolaient.