UNE PETITE ENVIE HOMICIDAIRE… juste une envie. 03/09/19

Qu’est-ce qui avait bien pu lui arriver?

Qu’est-ce qu’on avait bien pu lui faire?

Elle ne pouvait plus regarder les hommes.

Du moins plus comme autrefois.

Elle ne marchait plus non plus dans la rue, comme autrefois.

Elle cherchait. Des anciens, de très jeunes enfants, des êtres inoffensifs.

Une vache aux yeux doux, un cheval, peut-être.

 

Ce n’est pas qu’elle avait peur d’eux non plus. Sa souffrance s’était muée en rage, son trauma en mépris, en dégoût— en haine presque.

Il y avait eu un déclic, elle ne pouvait pas l’expliquer, une émission de radio, ce 3 septembre 2019, et subitement, l’évidence d’une vérité qu’elle n’osait s’avouer : que ce n’était pas elle la coupable, que ce n’était pas de sa faute, que c’était eux, les monstres.

Qu’est-ce qui avait bien pu lui arriver?

Qu’est-ce qu’on avait bien pu lui faire?

Inutile d’en parler, ce n’était pas à la portée du moindre petit coeur fragile venu qui aurait pleuré d’un mini plaquage un peu rude. Ça avait été cela aussi d’abord, puis des… dérapages.

Et elle avait, avec effroi mais aussi une sorte de curiosité ébahie, elle avait compris les autres, les autres femmes. C’était presque fascinant, que cela lui soit arrivé, elle qui se pensait immunisée par le milieu social, l’éducation, ce qu’on a tord d’appeler l' »intelligence ».

Elle avait, pour la première fois de sa vie,  éprouvé la peur d’une violence.

Elle avait compris les prémisses de ce jeu infernal et trouble où le paradis et l’enfer se mélangent, l’amour d’un être et le MAL qu’il peut faire.

Elle ne dirait jamais ce qui lui était arrivé, ce qu’on avait bien pu lui faire.

Elle était debout, preuve qu’il y avait infiniment pire.

Ce matin-là, elle ne se sentait plus seule, et elle n’avait plus peur.

Et la haine, au moins comme un passage provisoire, cette haine quasiment générale qu’elle s’autorisait à ressentir était saine, quoi que non morale, mais que signifiait la « morale »… ?

Elle devait peut-être se forcer au pardon, « le diable n’est pas responsable de son acte », mais elle n’y arrivait pas.

Alors un volcan s’était éveillé dans son coeur, et une flamme si belle que justement tous les hommes la regardaient, s’était allumée dans ses grands yeux noirs.

 

Elle marchait droite, soudain libre de tout espoir en eux, soudain désespérée dans un sens, ou espérant ailleurs.

Il n’y aurait pas de rachat, pas de guérison, et le pardon, même s’il était possible, était inutile.

Il fallait une destruction, et recommencer, c’est à dire éduquer, sur des bases nouvelles, qui donne au moins envie d’une nouvelle humanité possible.

Tout à fait possible.

Bien peu devraient être sauvés.

Elle pensait malgré elle soudain à David, mais David n’était pas un homme, les vrais musiciens ne sont pas des hommes —ils sont au delà.

Elle revoyait son beau visage penché sur le clavier, la magie de Haydn ou Mozart lançant des éclairs sombres dans la laque du piano. David était et resterait, avec les êtres de sa race, un ange non-déchu.

Pour tous les autres, elle c’était fait une raison. Il n’y avait qu’à attendre.

Et elle attendait, tranquille, heureuse.

Elle attendait, que la mort naturelle fasse son travail. Et elle les regardait sachant cela, calme, presque clémente.

Tous finiraient par disparaître, et la terre serait un jour de nouveau libre, et pure.

 

ChuteDiable

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