L’HOMME AU BALCON

   Sur une table en plein soleil, une petite tasse venait d’être posée, avec dedans un café serré. Son parfum s’échappait en douces volutes transparentes, droit vers le ciel pour frustrer le nez de Dieu.

Attablé à cette table, il n’y avait personne.

Au-dessus de la table, et du café, et des volutes, écrit en cursives sous formes de néons éteints, le nom du bar:

“TOUT VA MIEUX”

Ça donnait irrésistiblement envie de s’y arrêter, de s’y accouder, s’y abreuver, à quoi que ce soit, à ce bar, chez ce “TOUT VA MIEUX”, gentiment caché dans l’éclat de l’aurore, sous le métro aérien.

Au-dessus de la table, au-dessus du café, des volutes et des lettres cursives invitant à l’optimisme, au-dessus du monde et du métro aérien, donc au-dessus de tout, suspendu dans les airs proprement, au dernier étage d’un immeuble haussmannien, à fleur de toiture un homme tout nu prenait le soleil. Enfin presque, en maillot de bain. Pose alanguie, finissant de siroter la tasse de café jumelle de celle déposée pour Dieu une vingtaine de mètres plus bas. Réfléchissant en faisant semblant de lire un livre ouvert sur sa cuisse droite, insoucieux et impudique, derrière la ferronnerie 19ème siècle largement ajourée.

 

Cet homme c’est moi.

 

Depuis mon balcon on voit le métro aérien, les toits de Paris, la gare de l’Est, ses  anges de pierre perdus, comme dans le film de Wim Wenders, guettant Aliénor, le regard fixé comme le mien vers les lointains, vers Notre-Dame, le Panthéon, la tour Eiffel, qui sait? Toute forme de sacré capable d’entendre une prière. D’accomplir un miracle afin qu’on puisse le refuser (fine bouche recrachant la cerise sur le gâteau–empoisonnée).

Je suis en vacances. Enfin, ce n’est peut-être pas très viril ni courageux : je me suis mis en vacances.

J’ai dit

“J’AI BESOIN DE VACANCES”.

J’aurais pu dire:

“Je crois que je fais un burnout (« ˈbɜːrnaʊt« ), une carbonisation interne de mon système intellectuel via le sentimental”, j’aurais pu dire ça.

Que neni.

Je n’ai même pas été voir le médecin.

J’ai peut-être l’orgueil mal placé, mais ça me permet de rester digne, notion un peu complexe et has been, mais parfois utile.

 

“Ecoute, Marcel, j’ai besoin de vacances.

– Ah? Combien de jours.

– Je ne sais pas.

-Ah bon?

-… quelques jours, pas plus… ou ad vitam aeternam…

-“Ad vitam…”

-Je veux dire pour perpette la galette, la vie éternelle quoi, enfin pour rester en vie, retrouver un peu d’énergie, je te passe les détails, tu comprends?”

Marcel n’est pas du tout un mauvais patron, contrairement à ce que beaucoup vipèrent sur la capitale, comme on s’en prend soudain à Dieu le père (qui nous a tous crées, notons et de qui nous dépendons)

Sa catégorie, à Marcel,  est tout fait particulière. En termes marketing on pourrait parler de niche très restreinte, pour ne pas dire élitiste, voire aristocratique.

“Tyran gentil”. Très romain dans un sens, entre Auguste et Néron, et soudain, Marc-Aurèle, la mansuétude humaniste incarnée juste après la tempête. Je me demande bien pourquoi d’ailleurs l’expression latine ne lui a pas fait tilt, je pense qu’il me testait plutôt. Enfin:

En cas extrême il sait être humain, et en cas nécessaire, frôler l’inhumain, mais un sourire et une pirouette viennent tout rétablir. En amour c’est le genre de mec qui pourrit la vie des femmes car elles lui pardonnent toujours. Au boulot c’est le genre de mec à mec qui te répond:

 

“Encore une nana? Aller vas-y , cuve ton vin, et ramène-toi quand tu veux… mais pas après le 30.”

 

Nous étions le 20. Et 10 jours (il y a déjà 2 jours) faisaient soudain comme une grande trouée bleu fluorescent dans “mon ciel bas et lourd pesant comme un couvercle”, comme aurait dit Baudelaire, mais je ne veux surtout pas tomber dans l’emphase mélo. (Chose malaisée dans mon cas, on a toujours tendance à se tâter le pouls).

 

Pendant ce temps les anges sur le fronton de la gare de l’Est scrutaient toujours à l’horizon le moindre signe avant coureur d’Aliénor. Donc il faut maintenant que je vous parle d’elle.

Ou pas.

Aliénor n’est pas un personnage d’ici. Tout juste si j’aperçois sa gracile silhouette chevauchant dans les nues par-delà la gare de l’Est, je regarde vers le sud…  chevauchant tout, et tous sans aucun doute–sauf moi.

Depuis quelques jours et cette vacance à moi-même, mes idées et mon coeur à son propos changent selon un nuage, l’acidité ou le fruité d’un espresso.

Même si tout cela est vain,  voire puéril j’en conviens, surtout après une immersion d’une heure sur les pages du Monde Diplomatique, le pauvre homonculus que je suis devrais avoir honte de se dire:

 » Parfois j’ai le sentiment d’avoir été berné.

Parfois j’ai le sentiment d’avoir bien voulu prendre tant de plaisir à être berné

Parfois je suis dans la pleine conscience de cet état d’avoir été berné, ce qui supprime tout sentiment, retour à la case départ, éveil d’un songe : je n’aime plus Aliénor.

Parfois je pense tout de même à elle, je sais qu’elle est avec un autre homme, ça ne me tue pas du tout, mais je suis jaloux, sale ego, et voilà que je crois que je l’aime encore… »

Mais peut-être n’est-ce pas si faux. Où est le réel?

Sûrement pas en compagnie d’Aliénor, Monsieur le Réel, et je me fais le serment de ne jamais plus sortir avec une femme au prénom de conte moyenâgeux.

 

… … .. Un ange passe.

 

Une chanson de la rue s’envole jusque mes limbes, et je reconnais un vieil air arabe entendu pendant mon enfance. J’aime cet air, un truc égyptien, traditionnel, atemporel, une voix de femme triste qui semble se planter dans mes tripes, tout purifier, et tout ça se mélange avec le soleil de cette fin de matinée et alors trois certitudes existentielles s’imposent:

1/ J’aime cet musique

2/ Le soleil

3/ Un peu encore Aliénor, mais pas tant. L’amour est un point beaucoup plus secondaire qu’on ne se l’imagine, l’amour est en grande partie imaginaire… et Aliénor peut bien continuer à chevaucher les nuages blancs et noirs, la musique est belle et j’ai envie de grands départs, d’Afrique.

De Liberté.

Tout à coup, tout va vraiment mieux — voire  même carrément bien.

 

 

 

 

 

O.O

Ils avaient un corps totalement imberbe.

Sauf sur la tête, les parties génitales, les aisselles. Les mâles en avaient un peu plus, de poils, autour de la bouche. ça faisait bizarre. Mais même hyper poilus, aucun ne pouvait rivaliser avec nous.

Ils avaient été, depuis la nuit des temps de leur naissance préhistorique, un peu obligés de se bouger un peu  leurs fesses à nu, pour  les couvrir, de se mettre à cogiter sérieux, histoire de trouver une solution décente à leurs insuffisances. Cela leur avait  donné une forme d’intelligence que dans leur démesure, ils avaient tout de suite qualifiée de « supérieure », l’instant de s’en rendre compte.

Ils étaient un peu  frimeurs nés, tous. Ils nous trouvaient parfaitement cons, et c’était bien réciproque, mais au fond ils savaient que nous étions aussi, mais différemment intelligents, et c’est pour cela que nous leur faisions peur, ce qui était aussi assez réciproque.

Donc ils étaient tout nus, parfaitement à poils, naturellement.

Mais au lieu de voir ça comme un châtiment, ils avaient vu en cette différence étrange la marque d’une élection.

Ils s’étaient mis à regarder le ciel bizarrement, avec beaucoup d’excitation, ils s’étaient mis à gémir sur leurs morts, de manière assez absurde, voire indécente.

Ils avaient décrété que tout ça n’était pas du  tout supportable en l’état.

C’était manifestement des hyper sensibles qui s’était mis en tête d’apprivoiser le monde, faute de pouvoir se guérir de leur fragilité, faute de faire que des poils les protège un peu  mieux du froid.

Des types nés pour la complication: des humains.

Ils s’étaient donc mis en tête des idées incroyables, sur la vie, sur le bonheur, l’amour, et parfois, tellement d’idées, que ça les empêchait justement de vivre, d’être heureux, d’aimer.

Bon. Ils avaient établi qu’on ne savait pas, nous, que nous  étions, selon la formule de Heidegger, des « êtres pour la mort ». Et ils avaient fait de cette prise  de conscience de la finitude le fondement de leur révolte, et de leur liberté. A la base, il faut  avouer que ce n’est pas con, même si, dans un sens, c’est vain.

La lutte en elle même était leur façon de se sentir exister: nous avons toujours été différents.

Donc ils nous trouvaient cons. De ne pas nous rebeller contre la Nature. « Bêtes »: le nom commun qu’ils avaient choisi pour nous qualifier était aussi transformable en adjectif synonyme de « con ». Pratique, sympa.

Comme je suis con, comme je fais partie des cons, et que je  ne pense jamais, je me suis quand même demandé alors pourquoi ils  n’avaient pas simplement partagé le monde vivant plutôt qu’entre « humains » et « bêtes », entre simplement « intelligents  » et « cons ».

?

Je tire de cette interrogation l’hypothèse selon laquelle : par précaution, ils savaient bien à la base qu’ils étaient loin d’être tous intelligents, et que  nous n’étions pas tous si cons– puisque notre regard leur faisait peur, souvent.

Evidemment que je sais que  je  vais mourir.

Evidemment qu’il n’y a rien à y faire. Evidemment que quelque part, ça nous fige tellement, qu’on en a une conscience lucide et cruelle, et rationnelle, tellement qu’on ne juge pas très intelligent de foutre des coups de poings dans l’eau du  Destin.

Evidemment ça nous rend triste, les humains ont la révolte soit sauvage, soit belle, artistique, tragiquement belle, joyeusement belle. A nous l’attitude placide et mélancolique. Joies infantiles et oublieuses des bêtes  que  nous sommes: parfois nous dansons.

Enfin… nous  n’avons pas inventé la musique baroque ni le Jazz, soit.

Il y a sans doute quelque chose qu’ils ne comprendront jamais. Mais nous non plus, je l’admets, il y a peut-être quelque chose que  nous ne comprendrons jamais.

Qui a raison?

La Terre? Le système solaire? Le Cosmos? La vie ou la mort qu’ils redoutent tant?

Qui aura raison?

Ils nous regardent fascinés, ils ne veulent pas croire que c’est nous qui les interrogeons, du  plus profond de la grande bifurcation. Il y a des dizaines de milliers d’années.

Ils nous aiment, soudain nous  les obsédons. Et dans une chambre d’hôpital, l’un d’entre eux a tout à coup envie de nous dessiner, comme par une grande vision. Devant le spectacle qu’il trouve quand même vachement comique de ce corps à poils soumis à l’examen des docteurs, réalisant son ridicule de primate, tout à coup il pense à nous. C’est bien le moment et l’endroit. Tout en écoutant du swing sur TSF jazz.

Va comprendre Charles. Un grand désir d’expression, de recréation d’un monde, bien typique  de leur espèce, qui leur donne des démangeaisons. Et l’humaine dans son lit d’hôpital, qui n’a vraiment rien à foutre de mieux, trouve ma tronche sur internet, et me choisit, entre tous les Orangs-Outans  de la toile… et réalise que je ne peux pas être con, rien qu’à  mon regard, et réalise en même temps…. qu’elle ne sait pas dessiner.

 

 

SIMPLE POOL

ou

« SPLASH »

 

 

Les piscines ne sont pas faites pour nager. Elles sont faites pour l’oubli.

Et les solariums autour des piscines ne sont pas faits pour bronzer. Ils sont faits pour l’oubli, aussi.

Car la condition humaine n’est pas un état de tout repos, simple constat que des siècles d’avancée technologique n’a pas beaucoup fait évoluer, que des décennies de doute moral et idéologique ont peut-être même fait empirer.

D’où l’existence des piscines, avec si possible solarium.

Et la nécessité de l’été, peut-être la fatalité salutaire du réchauffement climatique, dans un certain sens.

Ainsi, le seul avantage qu’un chagrin d’amour se produise en été et pas en hiver tient à l’ouverture du solarium et au couloir de nage libre davantage disponible.

Laure en était bien consciente, et remerciait le ciel bleu de juillet d’inciter les gens à se rencontrer, puis de les consoler de se quitter, quand les choses ne perdaient pas de temps. Parfois le monde présente une certaine logique, pas si mal foutue.

Souvent, les humains ont du mal à imaginer que d’autres humains souffrent. Autre constat banal. Soit 1/ parce que l’humain est très égoïste et ne pense qu’à lui et d’abord à son bien ou à son mal être. 2/ parce que l’autre humain ne le montre pas des masses, qu’il en chie.

Dans les couloirs d’une grande banque d’affaire, Gabrielle venait de perdre sa maman, moi et quelques autres seulement le savions. À la voir parler de chiffres avec un client à Singapour sur son portable, personne n’aurait imaginé que dans ses tripes, la pensée lancinante de la perte l’être cher la cisaillait. Ainsi personne ne la plaignait, personne ne cherchait non plus à la consoler. Gabrielle devint seulement un peu plus dure en affaires, une austérité et une violence contenue dans les réunions passèrent pour de la pugnacité et du professionnalisme. Ses résultats augmentèrent. Tous les soirs en rentrant chez elle, elle voulait pleurer mais n’y arrivait pas. À force d’habitude, elle en oublia même un jour qu’elle avait envie de pleurer, et les larmes séchèrent sans tomber. Comme elle.

Si j’évoque Gabrielle, c’est un peu comme un point de repère psychologique afin de mieux comprendre Laura, à la fois semblable, et totalement opposée.

Il ne faut pas se fier aux apparences, et de ce côté-là, la logique du monde est mal foutue. Voire absente. Des gens aux physiques un peu maussades peuvent se porter tout à fait bien. Et des types rayonnant de bonne humeur et de regard bleu se trouvent au fond d’eux parfois complètement à la ramasse. “Mens sana in corpore sano”, ça peut-être complètement faux, le corps aide, mais ne guérit pas tout.

Laura était une jeune femme d’une trentaine d’années, cheveux courts à la garçonne, châtains, des yeux en amande, non maquillés surtout avant de placer ses lunettes de crawl. Un corps sportif et long poli par des années de natation. Ce jour-là elle n’eut pas le courage de plonger. Tête basse, elle déplaça les planches et autres boissons énergétiques des nageurs sur la margelle et se glissa dans l’eau, sans faire de bruit. À cet instant précis elle ne se sentait vraiment plus capable d’avoir 35 ans, de faire partie du monde adulte, d’avoir des responsabilités, de devoir aller travailler le lendemain.

Il était 17h45, elle était partie plus tôt. Le lundi était une journée habituellement calme. Elle ne l’avait pas vu, le type, ouf, c’était à la fois mieux, et pire.

Il y a une part de nous même qui ne grandira jamais. Jamais. Cette part en Gabrielle dévastée par la perte de sa mère, cette part en Laura amoureuse d’un garçon impossible, cette envie de se lover dans des bras, d’avoir soudain 4 ans.

C’est aussi cela, la condition humaine. La comprendre et l’accepter aident, mais pas à la changer.

C’était un état de fait éberluant, tétanisant pour Laura en arrivant au travail ce jour-là, de devoir reconnaître qu’une personne, ici un homme “pouvait pousser son rire à mourir”. Une chanson de Noir Désir lui était revenue à la pause déj’, elle n’avait voulu voir personne. Les zigomatiques n’y allaient pas de bon coeur, ça avait sonné faux et triste dans son grand sourire latin, toute la journée.

Le malheur, ou “l’abattement total pour des raisons sentimentales” ont au moins ça de bon qu’ils prouvent (pour les cyniques qui en douteraient) que le matériel ne fait pas le bonheur, ni la joie, mais bien plutôt le lien humain, le sentiment de plénitude affective. Autrement les enfants des favelas ne riraient jamais, et les gosses de riches divorcés au contraire, tout le temps. Le trait est sans doute forcé, néanmoins vrai. Pour rester sur le rappel des évidences nécessaires.

Laura avait donc autant envie de rigoler qu’un bout de chou de sept ans qui apprend qu’il ne verra plus le père qu’il aime qu’une fois par semaine, sous les moulures d’un plafond haussmannien.

Mais l’eau lui fit du bien. Elle se concentra sur sa nage. Il était impossible de se concentrer sur différentes alternances de crawl et de penser à lui en même temps. Peu à peu elle sentit son corps reprendre le dessus sur le coeur, une énergie pure qui pousse à vivre sans se poser 36 000 questions la propulsait dans l’eau d’azur où le soleil de fin de journée laissait traîner des paillettes.

Une fois quelques longueurs effectuées, elle se hissa, corps et âme rincés, sur le carrelage noir, alla passer son deux-pièces et quelques minutes plus tard s’affaissait de tout son long sur la dalle de pierre propice, l’ombre des arbres du jardin apportant un peu de fraîcheur par petites touches dans la caresse brûlante du soleil. Le bonheur de cet homme, loin d’elle, lui parut la chose la plus raisonnable à lui souhaiter soudain. Elle ne comprenait déjà plus cet acharnement puéril, entêté qui l’avait saisi et regardait la beauté d’un corps bronzé et ferme à la Botero en se disant que les normes esthétiques sont décidément absurdes.

Une voix parlait à l’autre bout de l’espace, sans doute une voix de femme, mais on ne la comprenait pas, la voix se transforma en un roucoulement de tourterelle, la femme était peut-être un oiseau. Puis Laura oublia le monde réel, l’imaginaire aussi, cet homme, les oiseaux et s’endormit, comme un bébé, dans le corps solaire, gigantesque et chaud de la simplicité des choses…

 

 

Image d’en tête : artiste contemporain belge, Hugo Pondz, « les Projets Futurs ».

FRAISES-FRAMBOISES

 

C’était une journée hallucinante. Plus précisément “aveuglante”. Ça tapait fort.

Un soleil chauffé à blanc lançait ses rayons en tous sens comme des canes de billard. Ça pêtait, ça éclatait : lumière folle… sur tous les murs de cet immense espace, des murs d’une blancheur comme diaphane qui, malgré leur épaisseur, laissaient voir le paysage pastellisé à travers.

“La vie c’est de passer à côté des choses”.

Y’avait cette phrase qu’elle venait de dire. Genre très calme, assurée, comme si elle avait 80 piges, qu’elle avait vu la guerre, tout fait, tout embrassé, du regard. Bon.

Pour mieux comprendre, j’ai remis mes Ray Ban, pour mieux la regarder faire semblant de boire son Campari. Tu parles, elle gauillait* dedans depuis une demi heure avec la touillette Ricard. Elle philosophait, quoi.

Mais là je l’ai quand même laissée prendre conscience de sa phrase, pendant qu’elle infusait également dans mon propre cerveau :

“La vie c’est de passer à côté des choses”.

Mon propre cerveau, mon cerveau en propre, à moi, issu, c’était sûr, d’un incubateur un peu différent du sien. Il aurait fallu mettre tout ça sur off, mais on savait pas encore où était l’interrupteur, c’est ça d’être trop civilisés.

Le plus intelligent face à une femme c’est de ne pas trop parler, pour mieux l’analyser. Ça doit être génétique comme science, car même les plus cons des hommes le savent. Mais seuls les plus malins le font nickel, à la perfection et avec rentabilité garantie sur leurs efforts d’écoute (parfois exaspérée). Il faut savoir tenir, et c’est le plus difficile. Et surtout… enfin non, pas tout de suite.

“Passer à côté des choses, des gens, enchaîna-t-elle. Tu peux pas y couper. Y’a forcément perte, choix. Tu épluches une carotte, tu ne peux pas manger la chair sous l’épluchure, y’a forcément du déchêt.”

Je précise, juste une pause sur ce mot “déchet”: quelque chose à cet instant s’est quand même un peu serré dans mon gosier de mec hyper sûr, “déchêt”, j’avançais en accéléré dans le futur de cette conversation et je savais déjà que “déchêt”, c’était moi. Bon.

“…C’est ça vivre, c’est des choix, et des choix, c’est avancer par élimination. On peut pas tout avoir. Voilà, c’est évident. Si tu veux être un excellent peintre, tu ne peux pas te permettre de passer des heures à étudier le piano. Tu sais bien, c’est l’idée de la spécialisation, rien de grand ne se fait sans spécialisation, donc sans élimination…

— Rien de grand ne se fait sans passion, pourtant, disait Hegel, répliquais-je du tic au tac.”

C’était parti d’un coup, quand même elle commençait à me gonfler. J’avoue que c’était hyper risqué. Le plus grand risque pour un mec intelligent qui est parvenu à faire croire aux autres qu’il est bien con (pour mieux les tromper, être libre, évidemment) c’est le faux pas : tout à coup laisser s’échapper comme une fulgurance toute la puissance cachée de son intellect.

Du moins envoyer un petit signe gentil comme quoi on est pas totalement inculte.

En fait, je m’étais juste souvenu de cette phrase apprise en cours de philo quinze ans plus tôt et que j’avais retenue, parce que j’étais alors déjà amoureux et qu’il y avait le mot “passion” dedans.

Elle a rigolé à pleines dents comme si j’avais sorti la blague du siècle. Mais il y avait quand même une tension, pour ne pas dire sexuelle, dans ce rire. Je suis pas dupe quand même : je venais de l’impressionner.

Après elle est passée à autre chose, à ses projets professionnels, pour se donner une contenance, comme si c’était important. Là encore : zéro. Zéro parce que ses projets professionnels, si c’était si sûr, pourquoi elle avait besoin de m’en parler, ou d’esquisser une demande de conseil?

Les filles font toujours une grande démonstration d’intelligence intellectuelle pour masquer une vraie connerie sentimentale, et les mecs c’est l’inverse. C’est tout.

Je la laissais se reposer deux minutes en prenant un peu la parole, je sais plus ce que j’ai dit, ça n’a aucune importance, c’était juste comme ça, pour la présence verbale, juste pour signifier “je suis là, cool, ça va aller, respire.” Infaillible. Son rythme cardiaque avait déjà bien ralenti, pas besoin de stéthoscope, je fais ça à distance, j’y arrive, même si je suis con. Apparemment.

Pendant que je parlais, je regardais la coupole.

C’était plus que ça, comme une canopée entrelacée de fils d’argent. Entre temps le soleil avait un peu baissé, et à un certain point tout en parlant, je retirais mes lunettes d’un geste précis et désinvolte, pour qu’elle voie mes yeux levés au cieux, genre très inspiré, profond. J’aime bien faire ça, parfois. En même temps je me rappelais “déconne pas trop, sois sérieux merde…”. Je laissais passer l’ombre boomerang d’un vol d’étourneaux sur notre nappe blanche, son Campari, mon verre de Chablis.

Elle s’était vraiment bien apaisée, ça faisait plaisir à voir. La paille c’était pas du vent, elle pompait dessus avec application maintenant, comme un bébé au biberon, et tout le liquide orange et jaune baissait de niveau rapidos. Je profitais d’un instant précis où la déglutition y allait carrément (être sûr qu’elle ne pourrait pas répondre) pour reprendre le fil à son point cardinal, finie la déconnade :

“Donc, lui dis-je avec une douceur virile et bien posée, c’est marrant parce que toi tu penses qu’on fait des choix, et que donc on passe nécessairement à côté de certaines choses… des choses pas capitales j’espère… enfin, des choses qui ne laissent pas de regrets quand on les manque, sinon c’est triste… Moi, tu vois, c’est comique. Le fait même de sentir que je suis en train de passer à côté de quelque chose, ce sentiment précis, c’est justement le signal d’alarme : cette chose est importante. Donc il faut l’étudier.”

Elle m’écoutait soudain avec des yeux ronds, elle avait arrêté de boire, et sans manquer de respect, elle avait vraiment l’air un peu bête. Je continuais. Gonflé d’assurance, parce que j’en avais pas chié pendant 15 ans à merder pour ne pas être sûr à 100 % de moi et de ce que je pensais sur ce point :

“ C’est drôle, mais tu vois ça me fait pas vraiment rire. Moi ça a toujours été « thé et café », le soleil et la lune quoi… ce que je veux te dire, c’est que je suis pas d’accord. Pas du tout. Ça veut pas dire que t’as pas raison, que t’as pas ta raison de penser ce que tu penses (ou crois penser, mais bon)…”

Je la sentais en apnée, là aussi, j’en étais sûr. Donc : petite pause, respiration : “Tu m’écoutes? – Oui” petite voix, mais expiration, c’est bien, inspire, expire, ça va aller tout seul, je suis finalement pas si con, désolé. Je continuais:

“ Le truc, c’est personnel, c’est même pas une question de raison, mais de bonheur. Et aussi sans doute de courage, ou de son contraire, de lâcheté. Mais là aussi on est pas tous pareils. Moi le courage me fait bander, c’est comme ça, un peu comme rentrer en scène… faut croire que je me fais rudement chier au boulot. Parfois j’aurais envie que ce soit encore la guerre, juste pour me tester, juste pour voir si je serais le type qui fonce en résistance, ou bien qui reste chez lui à prétendre qu’il ne comprend rien à l’actualité, qu’il faut être raisonnable et qui finit schizo avec les portraits de Pétain et de Gaulle accrochés ensemble pour le faire loucher.”

Là je crois que je surjouais un peu, l’emphase dramatique, on y échappe pas. Au fond de moi, je suis un héros, c’est certain, au moins un petit héros, mais peut-être que j’ai pas la gueule — pourtant pas mal— qui va avec. Décalage. D’un coup, son visage se  brisa en mille éclats, pêtée de rire, complètement, sarcastique. Mince. Mais je sais relever le manche. Donc, avec sérieux, posé, grave tout à coup, ce qui peut donner une touche à la limite du tendre (elle se calma direct) :

“Ce que je veux dire, c’est que « passer à côté », ça veut dire quoi? Tu descends au jardin, c’est l’été, les fraises se font dorer au soleil, tu es descendue au jardin pour manger des fraises, c’est ton choix. OK. Donc tout roule sur tes rails : tu en manges une (ou deux). Et puis… une petite tâche rouge dans la haie de framboisiers qui entoure le jardin t’attire l’oeil, rouge magenta. Normalement c’est pas encore la saison, ces deux fruits là ne se croisent pas toujours, comme si y’en avait un pour chaque moment, printemps ou début de l’été. Mais celle-ci est déjà mûre. Et peut-être d’autres. Donc c’est pas parce que c’est pas la saison et que tu avais choisi de manger que des fraises que tu vas pas piquer une framboise du jardin juste parfaite? Bon. Les fraises sont très différentes des framboises. Je sais pas si elle sont complémentaires, mais en tout cas un peu antagonistes. Comme leurs tons qui jurent. Les framboises aussi sont plus rares, donc cet argument massue, pour quelqu’un comme moi, me force à sauter sur l’occasion, en plus au fond, vraiment, je préfère les framboises, t’en penses quoi?”

Elle, incrédule, tout à coup se mit à réfléchir au lieu de se moquer de moi. Elle commençait à comprendre, ouf. Et d’un fil de voix  timide, bizarrement pour une fille de son âge :

“J’aime bien les deux… je crois.

— Tu vois!!”

Soulagement, bonheur. Nano-espoir. Le soir était venu, il n’était que 18h30, mais c’est comme ça en Afrique.

Les sables rougeoyant au soleil couchant inondaient soudain cet immense galerie d’une teinte rosée, comme si le fard était monté aux joues des hauts murs translucides. On voyait la mer au loin dans sa crique, vert-turquoise. Je demandais un nouveau verre de Chablis glacé. Je cédais une seconde à la tentation enfantine et peu convenable de faire un dessin sur la buée de ses flancs arrondis. Elle continuait de se taire. J’oubliais un peu ce que je venais de lui raconter. Nous ne nous connaissions pas encore, à part tout ça, mais c’était bien.

Elle releva les yeux vers moi et me demanda rêveusement :

“Tu penses qu’on peut avoir la lune, et le soleil… les fraises, les framboises… et que tout se passe bien ?

—J’en suis sûr, si on est pas cons”.

 

Rothko r

 

+ image de présentation : 2 oeuvres de Mark Rothko, No. 5/No. 22, 1950
huile sur toile, 297 x 272 cm, MoMA, (1)
don de l’artiste © 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko /
Artists Rights Society (ARS), New York

* mot de patois champenois qui signifie « jouer avec un liquide », pas forcément alimentaire, souvent en utilisant les mains, sans but précis, « patauger », mais à plus petite échelle. Souvent associé à un comportement typique de l’enfant entre 3 et 10 ans.

BLEUES

Un beau jour il a tiré la sonnette d’alarme.

La porte s’est ouverte

Sa mère lui a dit Bonjour Monsieur

Sans Alzheimer

Il a pleuré, pour la dernière fois de sa vie

Pour la dernière fois il s’est essuyé les yeux

Dans le mouchoir blanc: des larmes bleues

Il  a ressenti

Une haine douce, une sorte d’amour

Révolté

QUAND UN HOMME EST PRÊT À DONNER SA VIE POUR UN SYMBOLE, C’EST LA FIN DES SYMBOLES ET LE DÉBUT DE L’AUTHENTICITÉ

Sa mère en elle même pensa à cette citation d’Albert Camus au moment où elle le reconnut, par une lueur tout de même tendre dans l’oeil. Elle sut qu’il n’était pas question de ces sacrifices nihilistes et stupides, que nulle mort n’aurait lieu, mais plutôt un redoublement d’Énergie, une nouvelle pulsation

D’un sang rouge bouillant, un beau rouge rubis clair et sans cholésterol, essence noble et populaire, aucune goutte ne réclamant effusion:  sang caché, tout chaud à l’intérieur qui n’ayant fait qu’un tour, avait expulsé, comme par une ultime aversion, cette encre de chine,  faiblesse débordante.

Son oeil ainsi rincé était devenu presque noir, bleu pétrole, et son regard: deux flaques tombées d’un conteneur du désert saoudien, oubliées sous le soleil de braise, à la limite de l’incandescence.

Plus jamais il ne pleurerait, c’était décidé, ou à sec, comme certains tirent à blanc. Presque pour rire, rageusement.

C’était une envie qui lui avait comme fait passé l’envie d’une simple envie.

Plus ou moins, et pas politique, c’était une vraie révolte, pour ne pas faire révolution, une révolte durable: le passé en lambeaux, très beau, déchiré à tout jamais.

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A cause d’une femme?

Non

A cause d’un homme?

Non plus.

A cause de la beauté de toute rupture, de de toute déchirure?

Non, car il ne rompait que pour mieux retrouver. Ou se donner.

Un rien mystique.

Mutation, dépouillement, désquamation.

Retour au corps, à l’armature, à l’âme, stature profonde,

Ne plus pleurer.

Se tendre, comme une lance,  dire non une bonne fois pour toutes! Ni droite ni gauche, voie du milieu, Tao, testostérone. Nouveauté durable?

Marianne l’aimerait-elle encore lui dirait-elle Bonjour Monsieur elle aussi?

Il fallait prendre le risque du désamour de Marianne. Pour leur bien.

Tendu et impavide comme une flèche vers le ciel,  drapeau attendant de nouveaux signes, ou un passage à la machine à laver. 

Comme un type qui ne fumera plus jamais, qui doit se résoudre à paraître ce qu’il est, qui ne montera plus sur les planches pour une saynète de lycéen.

E finita la comedia

Tu seras un homme mon fils

Le dégoût de la faiblesse, parfois plus efficace que l’ambition vaine.

Larmes bleues roi, last ever, rouge sang, couleurs viriles à raviver

*

Finalement, Marianne, après un moment d’hésitation, l’a embrassé follement, dans le cou: c’est fini avec Brigitte, maintenant c’est toi, à 100%, c’est bon, j’ai quitté l’enfance, je crois…

« Emmanuel, réveille toi!

Emmanuel, réveille toi! »IMG_9104

SANS RIRE: DONALD.

 

 

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TRUMP: « atout »; « joker »

To Trump:-  « couper avec un atout », « dépasser » « surpasser »

Mais aussi: « péter » (slang)

Mais encore:« falsifier »

Trumper- tromper, quoi. En l’occurrence, se faire tromper, pauvre Hillary… par Donald.

Bref.

Hillary ‘ve qu’on se Trump.

Bof. Ou qu’on se trompe de Trump, un éléphant ça trompe…

Enormément. Mouais…

Sir Hedmund HILLARY, célèbre alpiniste néo-zélandais, d’après source Wikipédia, à qui les parents Rodham vouaient un culte au point de prénommer leur petite fille, non pas Hedmund mais Hillary. Désir frustré d’engendrer un mâle. Ce qui aboutit à cette incongruité de prendre le nom de famille pour prénom, consonance plus féminine qu’Hedmund oblige. Auraient-ils été chercher du côté d’Edmonde, la face de l’Amérique en 2017 en aurait elle été modifiée???

Bon.

Donald: « prénom masculin écossais, issu du gaëlique Domnall, du proto-celtique *Dumno-valos basés sur les éléments *dumnos/dubnos « monde d’en bas » > « monde » et valos « celui qui règne, prince souverain « 

Qui cependant, sans cette connaissance linguistique affinée, et pour le « vulgaire » aurait pensé qu’un canard pouvait battre un alpiniste dans l’ascension à la Maison Blanche?

Irréel, but true.

Pire que l’imprévu, l’improbable arrive parfois, ou ce que personne ne voulait voir. Démonstration de tout un système médiatique ankylosé dans le « wishful thinking », prenant ses rêves autrement dit pour des réalités. Mais les désirs « infra-mundi » du corps de chair électoral américain en ont décidé autrement.

Maintenant les dés sont jetés, et une nouvelle partie va commencer.

Faut-il s’en inquiéter outre-mesure où avoir confiance en une espère de nécessité du destin historique? « Ce qui doit advenir advient ».

Faudrait-il aussi croire à cette logique « un mal pour un bien »? On a beaucoup parlé des défauts de DT, et moins de ceux d’HRC, néanmoins existants. Il n’y aura pas de triumvirat féminin à la tête de l’humanité en 2017, même pour une brève période (Angela-Teresa-Hillary). Non. Le fait d’être une femme est -il un garant d’intelligence et de souplesse diplomatiques, vertus nécessaire dans le gouvernement actuel du monde? Ne serait-ce pas même sexiste de l’imaginer, puisqu’ une femme est un homme comme un autre…

En attendant la Russie est contente. Doit-on s’en réjouir?

La question se pose, sans rire.

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Déclowne PAS!!

Aujourd’hui: 25 mars 2016:

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 Le Clown est ROI.

Parce qu’il n’y a quand même aucune raison de se retrouver en défaut d’amour tout autant que d’humour… surtout d’humour, à portée de coeur et de zigomatiques, les choses vues sous un certain angle, moins tragique…

Aujourd’hui le Clown est roi, mais pas le méchant clown qui cache son malêtre derrière un sourire. Pas celui qui se tue encore et encore et finalement même plus pour de faux. Non. Pas celui dont le rire fait soudain peur aux enfants, en fait, pas un sacré paquet de clowns, dont l’un des ancêtres les plus fameux, le compagnion d’Hamlet avait pour autre nom… croque-mort, ou creuseur de tombe « grave digger ». Non et Non. Le vrai clown, celui qui ne se prend pas la tête tout en l’ayant très bien sur ses épaules avec ses airs faussement légers. Fausse couronne, vraie banane.AVC-une-banane-par-jour-peut-reduire-le-risque

Ni la forme d’un croissant, ni d’une étoile, ni d’une hostie.

D’une lune jaune comme un soleil?

Ode à la banane et aux clowneries légères en ce vendredi qui pour être saint se doit d’être sain, donc de se marrer un peu, voire beaucoup, si possible. Lorgner du coin de l’oeil tous les facétieux, accueillir tous les rires moqueurs de toutes cultures à sourires grands ouverts.

Les sages et les saints les plus follement sages se doivent de savoir déconner- overdose de sérieux, régurgitations dangereuses de trop de lectures pesantes.

La vérité serait dans la légereté, qui n’est pas forcément supercialité: légéreté saine et sainte. Et cette citation de Louis Pasteur qui émaille le carrelage de la station de métro du même nom à Paris… je ne me souviens plus bien, une définition simple du bonheur: « santé, amour, travail »… on rajouterait « sentiment d’être en vie et au monde de la manière la plus enfantine et simple possible »… surfer avec une insouciance retrouvée sur les vagues tragiques de l’existence… celles-ci, ou d’autres… individuelles ou collectives: elles ne manqueront malheureusement jamais.

Pour toute citation de Pasteur, dûment certifiée:

« Il y a plus de philosophie dans une bouteille de vin que dans tous les livres »

A prendre avec modération et temporairement en cas de petit coup de mou, comme l’oeuf de Pâques en chocolat. Retrouver l’essence de la vie  en cas de doute, d’ébranlement,  passe obligatoirement par les sens.

Hédonisme tout bête-  éternel comme un désir sain, et  pas besoin de connaître Epicure sur le bout des doigts enchocolatés pour mettre le gâteau au four,  ou le Bordeaux Graves à décanter…ce n’est pas le « show » de l’économie qui doit « going on », continuer… mais simplement la vie, dans sa face solaire et profondément bonne, capable de joie, et finalement, objectivement, au nombre d’adeptes assez majoritaire…

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